(Film en cours de développement)
Pitch :
Dans une ville postindustrielle de Belgique, une collection d’anciennes machines textiles est aujourd’hui dispersée dans des lieux où hommes et femmes continuent de s’en servir pour raconter leur ville. Fin de collection est une enquête ethnographique filmique sur le travail et sa mise en mémoire qui invite à penser notre rapport au passé, entre nostalgie et oubli, réactualisation et débarras.
Synopsis :
A l’est de la Belgique, la ville de Verviers. Adossée à la façade de la gare, la statue du tisserand, une navette entre les mains, regarde s’éloigner les voyageurs ; sur la promenade le long de la rivière, la fresque qui illustre l’épopée industrielle est à moitié arrachée ; autour des giratoires, les voitures tournent autour d’anciennes machines textiles.
Ces machines appartiennent à une collection initiée au milieu des années 1960 au moment où les usines textiles de la ville fermaient leurs portes les unes après les autres. Alors que Verviers avait été une des premières villes européennes à connaître la révolution industrielle, elle devenait une des premières à connaître la crise et rentrer dans une période dite « postindustrielle ». Pendant cent cinquante ans, l’idée même de Verviers s’était construite autour du travail de la laine : la ville allait de soi, elle affichait dans ses bâtiments mêmes les richesses accumulées par l’activité industrielle. Avec les fermetures d’usines, la « cité lainière » devint l’ « ancienne cité lainière » sans que personne ne sache vraiment quoi construire à partir de cette disparition. Aussi, au moment où les patrons d’usines se débarrassaient des machines qui avaient contribué à faire leur fortune, les autorités communales entreprirent de les rassembler dans une collection. Ces machines qui avaient contribué à l’essor économique de la ville devenaient des objets d’une collection dont le but serait d’alimenter le premier Musée national de la Laine de Belgique.
Ce musée n’a jamais ouvert ses portes. Aujourd’hui, la collection est dispersée dans plusieurs lieux où, malgré les années passées, elle continue de faire l’objet d’un travail régulier. Construit sous la forme d’une enquête ethnographique filmique menée entre le centre touristique, la réserve de machines et les brocantes de la ville, le film Fin de collection pose une réflexion sur le traitement du passé industriel dans une ville postindustrielle. Qu’elles soient mises en scène dans un parcours muséal destiné aux touristes, qu’elles fassent l’objet d’un travail de restauration par un groupe d’ouvriers retraités ou qu’elles se retrouvent vendues sous la forme de pièces détachées sur les trottoirs de la ville, les machines sont porteuses de récits. Elles racontent la grandeur passée, elles permettent d’évoquer les grèves et les fermetures d’usine. Pour celles et ceux parmi les plus jeunes qui s’en saisissent, elles deviennent aussi l’objet de nouvelles histoires. Que reste-t-il du passé industriel dans une des villes qui fut autrefois une des plus riches de Belgique ? Que reste-t-il de la vie des travailleurs alors que le capital s’est déplacé vers d’autres lieux, laissant tout un territoire à l’abandon ? En assemblant différents tableaux, le film reconstruit les histoires plurielles et fragmentaires de la ville où le passé loin de se limiter à un discours idéalisant et nostalgique fait l’objet de multiples réactualisations qui racontent la ville au présent.
Production : aREC
Réalisation : Baptiste Aubert